Chiale, mon pote. C’est le début de la fin. J’ai vécu. C’est fini, maintenant. Il est temps de passer son tour. On se retrouve au paradis ! Tu ne m’en voudras pas trop ? Tu n’as pas vraiment le choix, de toute façon. J’ai dû être un mauvais garçon, dans une vie passée. Il est temps de payer, maintenant. Qu’est-ce que j’ai ? Tu veux vraiment que je te le raconte ? Ahahah. Ça n’en vaut guère la peine. Mais bon. C’est comme tu veux. Allez, assied-toi ! Comme un gosse qui écoute un vieux en fin de vie, ouais. De toute façon, c’est pas vraiment faux. Sauf que je ne suis pas si vieux. Mais bon. Ça ne changera rien, j’imagine.

Bisexuel. Ouais, on va commencer par les histoires de cul. J’ai pas envie de vous compter mon enfance dans tous ses détails, de toute façon. Et puis tout le monde s’en branle, alors ! Je disais donc que j’étais bi. Ouais, j’aime me taper des filles et des gars. En même temps, s’il n’y avait pas toutes ces fêtes, ça ne serait probablement jamais arrivé. Ou pas tout de suite. Ouais, le genre de fête où tu es tellement bourré que tu ne fais pas trop gaffe quand tu couches. Les fêtes, où, huit fois sur dix, tu ne te souviens plus de rien. Ouais, c’est là que j’ai commencé à me faire des gars. Bon, en général, je m’en souvenais. C’est pas mal. Faut pas croire. Enfin bon, y’a pas que le cul dans la vie.

Une anémie. Moi qui, d’ordinaire, suis tout le temps en trait de sauter partout, je me retrouve sans la force de me lever. Complètement essoufflé au bout de trois pas, mort de fatigue. C’était l’année dernière. J’ai fini à l’hosto, après un détour par le médecin. C’est le début de la merde, ouais. Welcome to the hell. Tu sais ce qu’ils m’ont trouvé, tous ces mecs en blouse blanche ? Une leucémie. Un beau cancer, tiens ! Oui, ça se guérit. Encore faut-il en avoir la volonté, de guérir. Ouais, je me laisse crever. Pourquoi ? Aucune idée. J’ai juste pas envie. Ce n’est à cause de personne. C’est juste moi, et juste moi. Et non, je ne ferais pas de chimio. Je tiens trop à mes cheveux.

A l’hôpital psychiatrique ! Ouais, on m’a envoyé là-bas. A cause de ma leucémie ? Non. A cause de mes troubles affectifs. Je serais bipolaire. Comment je sais ça ? Je suis allé chez la psy. Parce que je veux mourir. Ben évidemment, que mes parents, ils ne veulent pas que je crève ! Alors, ils m’ont envoyé chez la psy. Censée me convaincre de prendre mes médocs. Enfin, ça ne m’a pas vraiment fait changer d’avis, hein ! Et donc, la dame, elle a remarqué des cycles. Manie, dépression. Dépression, manie. Manie, dépression. Ouais. Et je me suis retrouvé ici. Fuck, quand même.

J’ai toujours été un gamin hyperactif. Ce que j’aimais ? La danse. J’ai fait des claquettes, du hip-hop, de la danse moderne … J’ai toujours aimé ça. Faut que ça bouge. Faut que je bouge. On me l’a souvent reproché, d’ailleurs. Enfin bref. J’ai eu ma leucémie. Et j’ai fini chez la psy, à me faire analyser. Sois disant que j’aurais des troubles bipolaires. Troubles affectifs. Ca expliquerait, à priori, mon hyperactivité, mes insomnies, mes dépressions. Pff … Alors du coup, je me retrouve avec des pilules, encore. Que je prends une fois sur deux, lorsque mon humeur commence à faire yo-yo. Ah … Comme si j’avais mérité ça …